Zoom sur le recyclage des métaux
Les métaux rares, précieux et spéciaux sont connus depuis le 18ème siècle, sans que ceux-ci aient eu une application industrielle particulière. Au cours des années 1970, les propriétés magnétiques des métaux comme le néodyme ou le praséodyme sont exploitées pour fabriquer des super aimants.
Si les métaux rares n’avaient pas été employé dans les applications qu’on leur connaît aujourd’hui, le monde ne serait pas tel qu’il est actuellement.
Au fil des siècles, leur utilisation a été multipliée. Au cours de l’Antiquité et de la Renaissance 7 métaux étaient exploités, lors du 20ème siècle une dizaine de métaux étaient utilisés, et pendant les années 70 une vingtaine. Dorénavant, les 86 métaux du tableau périodique sont exploités, engendrant une consommation de plus de 2 milliards de tonnes de métaux par an.
Et ce ne sont pas les prochaines années qui vont faire ralentir ce rythme. En effet, on estime que la demande de métaux en 2030 sera exponentielle : la demande de palladium devrait quintupler, celle pour le cobalt sera multipliée par 24 !
Source : Guillaume Pitron, La Guerre des métaux rares. La face cachée de la transition énergétique et numérique, éd. Les liens qui libèrent, 2018, 296 pages.
Des données permettent d’affirmer que trois niveaux de réserves, « les 3P », existent :
- Des réserves prouvées, dont l’existence a été avérée ;
- Des réserves probables, qui sont réelles mais où subsiste une incertitude quant à leurs étendues ;
- Des réserves possibles, qui résulte de l’incertitude de leur existence qui ne peut être encore prouvée, faute de moyens techniques pour vérifier l’hypothèse.
L’épuisement des ressources minières n’est pas synonyme de la disparition des minerais, qu’on trouverait en quantités diffuses sur la planète, mais de leur exploitation impossible à l’échelle industrielle.
https://www.consoglobe.com/epuisement-des-ressources-naturelles-et-demographie-cg/5
Plus nous consommons, plus les réserves de métaux se vident. Le site Compareyourcountry.org, produit par l’OCDE, nous indique où se trouvent les stocks naturels de métaux autour de la planète, ainsi que la quantité dans lesquels on les retrouve :
Cobalt : 6.252.000 t (max : 4 millions t en RDC)
Or : 41.000.000 kg (max : 10 millions kg en Australie)
Lithium : 16.166.000 t (max : 8 millions t au Chili)
Molybdène : 15.843 t (max : 8.300 t en Chine)
Nickel : 69.130.000 t (max : 19 millions t en Australie)
Niobium : 4.200.000 t (max : 4 millions t au Brésil)
Terres Rares : 118.720.000 t (max : 44 millions t en Chine)
Rhénium : ≈10.000 t (max estimé : 4.500 t aux USA)
Argent : 476.000 t (max : 93.000 t au Pérou)
Tantale : 112.000 t (max : 78.000 t en Australie)
Étain : 4.539.000 t (max : 1 million t en Chine)
Tungstène : 2.428.100 t (max : 2 millions t en Chine)
http://www.compareyourcountry.org/trade-in-raw-materials?cr=oecd&lg=en&page=2&visited=1
À ce rythme de consommation mondiale, les stocks et les réserves naturelles de métaux vont très vite s’amenuiser jusqu’à s’épuiser.
Les scientifiques trouvent quotidiennement de nouvelles applications aux métaux rares, ce qui fait augmenter la demande pour ces matières premières.
Ainsi, des chiffres concrets ont pu être posés sur le problème que nous allons rencontrer dans quelques décennies, voire années si la demande continue sur cette voie : la pénurie de métaux rares, précieux et spéciaux. Comme les stocks de ressources naturelles à notre disposition et leur vitesse d’exploitation sont connues, leur date d’épuisement théorique est identifiable, bien que la disponibilité dans le sol terrestre d’une ressource soit soumise à de nombreux éléments : le rythme des découvertes, la fluctuation du niveau de consommation, de l’activité économique mondiale, l’émergence de nouvelles technologies d’extraction ou de nouveaux produits consommateurs de ressources…
Voici les chiffres annoncés par Consoglobe :
2021~2037 – Argent métal
2023 – Palladium
2025 – Or
2028 – Indium
2028 – Étain
2038 – Tantale
2048 – Nickel
2050 – Lithium
2056 – Niobium
2057 – Tungstène
2062 – Rhénium
2064 – Platine
2112 – Rhodium
2120 – Cobalt
https://www.consoglobe.com/epuisement-des-ressources-naturelles-et-demographie-cg
L’une des manières de parer à ce fléau que nous avons généré est d’entrer dans une optique d’économie circulaire, laquelle prône le recyclage comme source d’approvisionnement.
Or, le recyclage des métaux précieux et spéciaux n’est pas chose aisée. Comme en témoigne ce tableau du PNUE (Programme des Nations unies pour l’environnement – UNEP), tous les éléments du tableau périodique ne sont pas recyclés de manière optimale.
UNEP (2011), Recycling rates of metals, a status report
L’intérêt du recyclage se trouve dans les économies qu’il permet de faire. En effet, le recyclage permet d’utiliser moins d’énergie que la production minière nécessaire pour extraire un minerai, à quantités égales.
Ceci permet donc une préservation de l’environnement, qui se trouvera moins dégradé, du fait de la réduction des activités minières et de raffinements très polluants, et d’autre part grâce à la diminution des flux d’importations de métaux raffinés vers les pays consommateurs.
Grâce au recyclage des métaux, des économies notamment énergétiques sont visibles :
Métal |
Économie d’énergie |
Or |
98% |
Nickel |
90% |
Palladium |
92 – 98% |
Platine |
95% |
Rhodium |
98% |
Argent |
96% |
Titane |
67% |
Source : https://ecoinfo.cnrs.fr/2014/09/03/3-le-recyclage-des-metaux/
Ces effets pourraient à long terme être très bénéfiques, car le recyclage des métaux permettrait théoriquement une réutilisation des métaux à l’infini. L’importance des enjeux du recyclage a été reconnue avec l’initiative Matières Premières de la Commission Européenne (2008) car elle y a consacré son troisième pilier d’actions, qui a pour objectif de “dynamiser l’efficacité globale des ressources et promouvoir le recyclage afin de réduire la consommation de matières premières primaires de l’Union Européenne et de réduire la dépendance relative vis-à-vis des importations”.
Conclusion : le recyclage des métaux a une importance capitale dans nos sociétés modernes. Il ne résoudra pas les conflits qui s’engendreront avec la crise de certains métaux, très demandés dans l’industrie électronique ou automobile, mais le recyclage apportera une source d’approvisionnement en métaux non-négligeable.